Aller à la recherche

Exercice « Test d’une mousse d’extinction sur des archives papier »

Le mardi 15 mars 2022, une manœuvre a été réalisée par l’IMEC (Institut Mémoire de l’Édition Contemporaine) et le SDIS-14 (Service Départemental d’Incendie et de Secours). Le GASP a été invité à assister à la manœuvre.

  • SDIS-14 : Stéphane Dubourdieu Adjudant-Chef - service planification opérationnelle / groupement prévision des risques 
  • IMEC : Jérôme Guillet Responsable logistique et conservation & Goulven Lebrech IMEC Adjoint à la direction des collections
  • La Fabrique de patrimoines en Normandie : Guillaume Debout – Chef du LABO + Anthony Zurawski – chargé de mission GASP

Dans le cadre de la formation GASP 2022 concernant la réaction du Plan de Sauvegarde des Biens Culturels (PSBC), l’IMEC améliore sa réponse à l’incendie. Localisée à l'Abbaye d'Ardenne, l’institut fait aussi l'objet d'un plan ETA.RE (Établissement Répertorié).

Cette manœuvre avait pour but de mobiliser les équipes de sapeur-pompiers et les équipes de conservation des collections de l’IMEC sur le sujet de l’extinction d’un feu dans un lieu difficile d’accès. L’IMEC a en effet en grande partie ses réserves en sous-sols, où sont situées également les installations techniques (appareils de climatisation et serveurs informatiques). De plus, les collections sont constituées en intégralité de papier, matériau hautement inflammable : tel était le défi de cet exercice. L’IMEC a initié une réflexion avec le SDIS-14 sur la problématique d'extinction d'un feu dans une zone de stockage d'archives située en sous-sol : un cheminement qui se trouve être périlleux, au milieu des rayonnages, pour les sapeurs-pompiers.

Une des idées de manœuvre, évoquée par le SDIS, portait sur une extinction utilisant, entre autres solutions, de la mousse à haut foisonnement (une technique qui permet de remplir une pièce avec l’expansion rapide d’un produit moussant, ce qui permet d’étouffer le feu par manque d’oxygène).

Les responsables des collections de l’IMEC, ont donc sollicité auprès du SDIS la mise en place d’un essai réel pour comprendre comment les collections papiers réagiraient à cette technique d’extinction.

Le but était simple : constater la tenue des boîtes d’archive noyées sous la mousse, comprendre le fonctionnement global du process et observer la réaction du produit au contact d’archives papier pour mieux appréhender les étapes de restauration ultérieures.

Réalisation

Grâce au SDIS14, l'expérience a pu être menée dans un local du centre incendie de Caen. Les boites d’archives factices furent recouvertes de mousse en quelques secondes, après déploiement du matériel et du véhicules de pompiers qui apportait l’eau nécessaire à la création de la mousse.

L’usage du produit (mélange d’eau et de produit contenant du fluor[1]) provoque une mousse très « foisonnante » qui occupe extrêmement rapidement tout l’espace disponible.

Résultats :

Il ne reste (après disparition de la mousse en moins de 24h) qu’un peu d’eau au sol, et donc également sur les archives, due à « l’évaporation » de la mousse. On note également le dépôt d’un peu « d’écume » : des restes de mousse collante sur les boîtes de conservation (en effet, la mousse est conçue pour conserver l’humidité grâce à cette propriété « adhérente»).

La méthode d’intervention paraît donc être relativement peu traumatisante (par-rapport à une intervention classique de type lance d'incendie ou des systèmes d'extinction tels que les sprinklers ou les brouillards d'eau) pour les collections qui ne sont donc pas inondées, comme elles le seraient avec une extinction habituelle. La quantité d’eau apportée est effectivement incomparablement moindre qu’avec une lance d’incendie.

Lors de l’évacuation des collections suite au sinistre, il faudra prévoir d’ouvrir chaque caisse pour vérifier qu’aucune eau est entrée, extraire les archives et les remettre dans des contenants propres (soit neufs, soit prévoir une chaîne de lavage des contenants pour enlever les résidus collants de la mousse).

Il faudra prévoir également de quoi évacuer le reste d’eau présent au sol et sur les rayonnages et des méthodes pour faire évaporer cette eau résiduelle et stabiliser l'hygrométrie de la pièce, pour éviter tout départ d’infestation fongique sur les rayonnages et dans les contenants.

Le fait que les archives soient conservées dans des boîtes de polypropylène a montré tout son intérêt par-rapport aux boîtes en carton qui ont absorbé le peu d’eau résiduel : les archives qu’elles contenaient ont été mouillées et le carton est devenu imbibé et ne peut être transporté sans risque de s’éclater et de répandre les archives au sol.

Les archives et leurs contenants ont été envoyés par l'IMEC pour expertise auprès d’un laboratoire spécialisé pour comprendre les réactions chimiques sur les différents supports (papier, carton et polypropylène).

Au final : une expérience concrète et enrichissante. Merci beaucoup à l'IMEC et au SDIS pour l'organisation de ce test et pour l'invitation faite au GASP à y prendre part.


[1]Ce produit va être progressivement remplacé par un nouveau produit, ne contenant plus de fluor, à échéance 2025.